Armenian Europe Music Award : pari réussi !
(Armenews) – Il fallait être jeune et un peu fou pour se lancer dans une telle entreprise : louer le Zénith de Paris, faire venir des dizaines d’artistes d’Arménie et espérer que le public soit au rendez-vous pour un show inédit en Europe. Assurément Haïk Chahbazian et Anna Karolina avaient vu grand, très grand même. Mais leur audace a été récompensée par près de 3 000 spectateurs et saluée sur scène par le grand maître Djivan Gasparyan.
Le 26 mars, durant plus de quatre heures, des vedettes arméniennes et des artistes français d’origine arménienne ont montré combien la musique arménienne est riche de talents. Animée par des présentateurs vedettes venus d’Erevan, cette soirée, a récompensé les meilleurs artistes de l’année dans leur catégorie.
Dans la première partie, de jeunes talents d’Arménie se sont produits parmi lesquels le duo remarqué d’Iveta Mukuchyan et d’Aram MP3, qui tous deux ont représenté l’Arménie à l’Eurovision.
Accompagné de ses musiciens, le jeune prodige Raffi Arto, 16 ans – remarqué il y a quelques années dans l’émission« La France a un incroyable talent – a enflammé la salle dans le plus pur style rock’n roll.
Salué par une standing ovation, le grand maître Djivan Gasparyan, s’est produit seul sur scène avec son doudouk. Puis à la surprise générale, accompagné au piano par Nariné Gulumyan, d’une belle voix que peu connaissaient, il a interprété une chanson dédiée aux mères. Il reçut son prix avec une infime modestie et rendit un hommage appuyé aux jeunes organisateurs de la soirée. Autre talent français, Grégory Bakian, qui a chanté L’adolescence, un titre dont la musique a été composé par Charles Aznavour.
De retour sur scène après dix années sabbatiques, la grande Rosy Armen, accompagnée par ses musiciens, a interprété une chanson arménienne suivie d’une reprise de Mon amie la rose. C’est avec la troupe de danse d’Issy-les-Moulineaux, Ararat, que s’est terminé la première partie du show. Après un entracte d’une demi-heure, il y eut une nouvelle apparition des danseurs d’Ararat, dont le kotchari était repris à chaque fois par le public dans les allées du Zénith.
La grande danseuse de flamenco, Lori La Armenia, gratifia le public d’une subtile et envoutante chorégraphie accompagnée de ses musiciens parmi lesquels un joueur de doudouk qui apportait une couleur plus douce à cette musique andalouse. Vincent Baghian et Diane Minassian ont repris le très beau titre Je suis une tombe composé en 2008 par Vincent. Après un défilé de costumes, une danse de la grande Sofi Devoyan sur une musique composée par Jean-Claude Petit pour le film Mayrig, Sona Sarkissian, de sa voix rauque à la Bonnie Tyler, a chauffé la salle qui attendait avec impatience les trois grandes vedettes de la soirée.
La belle Sirusho a interprété un premier titre avec en fond d’écran les images d’un clip qu’elle a tourné dans des églises d’Ani sous la neige puis, accompagnée de danseurs vêtus de treillis, ce fut le tour d’une chanson patriotique sur les fédaïs. La belle-fille de Robert Kotcharian reçut sa récompense des mains de Lévon Baghdassarian et de sa fille Lori La Armenia.
Salué par une standing ovation, Harout Pamboudjian interpréta un très beau titre dont la musique a été écrite par Narek Dourian. En fond d’écran, des images retraçaient la longue carrière de ce chanteur qui, avant de devenir le roi du rabiz, fut un chanteur contestataire à l’époque soviétique. Après une autre chanson sur le thème de la guerre, illustré par un remarquable clip, d’Artur Grigoryan, ce fut, à plus de minuit passé, enfin le tour de Tata Simonyan qui enflamma littéralement le public avec sa chanson Hérou (Loin). Des torrents de spectateurs quittèrent leurs sièges pour approcher au plus près de la scène, d’autres dansaient dans les travées… Malgré l’engouement du public et à cause de l’heure tardive, le grand Tata ne put offrir qu’une chanson à ses fans. Les organisateurs du spectacle avaient vu sans doute un peu trop grand.
De l’avis de nombreuses personnes, il aurait préférable de limiter le nombre d’artistes invités et de permettre ainsi à des vedettes comme Harout Pamboudjian et Tata Simonyan de ne pas se limiter à une unique chanson, pour le plus grand plaisir des spectateurs dont certains étaient venus de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays-Bas et de la Belgique pour voir sur scène leurs artistes préférés. Une première soirée réussie – avec la participation d’Hamaskaïne Paris- que Haïk Chahbazian et Anna Karolina auront cœur à améliorer pour les prochaines éditions des Armenian Europe Music Awards.
Elisabeth Baudourian