Charles Aznavour s’éteint à 94 ans

PARIS, EREVAN—Le chanteur Charles Aznavour est mort dans la nuit du 30
septembre au 1er octobre, il avait 94 ans. C’est ce que viennent
d’annoncer ses attachées de presse à l’AFP. Il est mort à son domicile
dans les Alpilles. Il revenait d’une tournée au Japon, après avoir été
contraint d’annuler des concerts cet été en raison d’une fracture du
bras après une chute.
Charles Aznavour, né Shahnour Vaghinag Aznavourian le 22 mai 1924 à
Paris et mort le 1er octobre 2018 dans la même ville, est un
auteur-compositeur-interprète, acteur et écrivain français d’origine
arménienne. Au cours d’une carrière commencée en 1946, il a enregistré
plus de 1200 chansons interprétées en plusieurs langues: en français,
anglais, italien, espagnol, allemand, arménien, napolitain, russe. Il a
écrit ou co-écrit plus de mille chansons, que ce soit pour lui-même ou
d’autres artistes.
Il est l’un des chanteurs français les plus populaires, et le plus
internationalement connu. Décrit comme «la divinité de la pop française»
par le critique musical Stephen Holden, Charles Aznavour a été consacré
«chanteur de variété le plus important du XXe siècle» par CNN et Time
devant Bob Dylan, Frank Sinatra et même Elvis Presley.
Sans renier sa culture française, il représente l’Arménie dans plusieurs
instances diplomatiques internationales à partir de 1995, et obtient la
nationalité arménienne en 2008. Il est nommé au poste d’ambassadeur
d’Arménie en Suisse, son pays de résidence, et le représentant permanent
de ce pays auprès de l’ONU.
Il était annoncé à Bruxelles le 26 octobre et devait encore se produire
en novembre et décembre à la Seine musicale, près de Paris, puis en
mini-tournée en France.
Ces dernières semaines, l’infatigable Charles Aznavour avait dû annuler
quelques concerts. D’abord en avril à Saint-Pétersbourg, victime d’un
tour de reins. Puis en mai, en raison d’une fracture de l’humérus
gauche, après une chute. Une accumulation de pépins physiques qui le
ramenaient subitement à sa condition de mortel.
«Je ne suis pas vieux, je suis âgé. Ce n’est pas pareil», se plaisait-il
à nuancer. Une façon espiègle de défier le poids des années pour celui
dont le couronnement artistique est venu assez tardivement, à 36 ans, le
12 décembre 1960 à l’Alhambra.
Connu pour ses grandes chansons comme La Bohème, La Mamma ou
Emmenez-moi, mais aussi pour son engagement pour l’Arménie, il a aussi
écrit pour les plus grands, Juliette Gréco, Gilbert Bécaud, Edith Piaf
qui le soutint ardemment et fut un de ses «quatre points cardinaux avec
Charles Trénet, Constantin Stanislavski et Maurice Chevalier».
Il a aussi fait carrière au cinéma: en quelque 80 films, il tourna avec
François Truffaut (Tirez sur le pianiste), Volker Schlondorff (Le
tambour), Claude Chabrol (Les fantômes du chapelier)…
Parfois brocardé à ses débuts pour sa petite taille et sa voix, Aznavour
a entretenu son mythe par la scène, dans les salles les plus
prestigieuses du monde. Comme une revanche sur tous ceux qui ne lui
prédisaient aucun avenir et qui «sont tous morts depuis longtemps, alors
que moi… je suis encore là», cinglait-il.
EMOTION EN ARMÉNIE APRÈS LA MORT D’AZNAVOUR, LE «FILS DU PEUPLE»
Alors que résonnent ses chansons, ils sont venus déposer des bougies
autour de son étoile sur la place qui porte son nom: des centaines
d’Arméniens se sont rassemblés à Erevan pour pleurer le «fils du
peuple», Charles Aznavour.
«C’est une nouvelle affreuse… C’est comme un vide énorme et soudain.
Sa musique, sa voix, résonnent sans cesse dans ma tête. C’est une perte
énorme», a déclaré à l’AFP Rouzanna Arakelian, 46 ans. «Toute ma
jeunesse, mon premier amour, la première déception: tous les moments
d’émotion dans ma vie se sont déroulés avec la musique d’Aznavour.
J’écoutais ses chansons quand je voulais pleurer ou boire du vin et être
romantique. Sa personne et ses yeux tristes vont me manquer», abonde
Elena Aroutiounian, 62 ans.
Charles Aznavour, Chahnour Vaghinag Aznavourian de son vrai nom, était
l’un des représentant les plus symboliques de la diaspora arménienne, le
pays de ses parents, avec lequel il a entretenu des liens étroits tout
au long de sa vie.
Il était souvent qualifié de «grand fils du peuple arménien» par ses
compatriotes du Caucase, la manifestation la plus tangible des liens
entre Aznavour et l’Arménie restant le comité qu’il a fondé pour
collecter des fonds après le terrible séisme qui a dévasté le nord de
l’Arménie en décembre 1988.
Début 1989, il écrit la chanson «Pour toi Arménie», sur une musique de
son ami, le compositeur français d’origine arménienne Georges
Garvarentz. Elle est enregistrée avec 90 artistes et se vendra à plus
d’un million d’exemplaires, ce qui permettra de financer une fondation
pour venir en aide aux sinistrés.
C’est cette chanson qui résonnait dans les rues des villes arméniennes
et redonnait espoir aux victimes du séisme, racontent les habitants.
«LE PLUS FRANÇAIS DES ARMÉNIENS»
«Lorsqu’on entendait cette chanson, nous avions l’impression de ne pas
être seuls avec notre chagrin dans ce monde immense. Grâce à Charles, le
monde a découvert les arméniens et notre voix a été entendue», se
souvient Aram Danielian, 56 ans.
Le chanteur, né à Paris en 1924, se rendait souvent à Erevan le 24 avril
pour honorer la mémoire des victimes du génocide arménien et nombre de
ses compatriotes se souviennent de son interprétation d’«Ave Maria»
devant le feu éternel, tenant avec difficulté le micro dans ses mains,
les larmes aux yeux.
«Je suis peut-être le plus français de tous les arméniens du monde, mais
je suis fier de mon Arménie et je ne le cacherai jamais», disait Aznavour.
Charles Aznavour a été ambassadeur permanent de l’Arménie auprès de
l’Unesco et ambassadeur de l’Arménie en Suisse.
Des places, des théâtres, des musées en Arménie portent le nom de
Charles Aznavour, qui a été fait «Héros national» en 2004. Une statue a
été érigée en son honneur dans la deuxième ville du pays, Gyumri.
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a regretté une «perte
énorme pour le monde entier», saluant une personne «qui a pendant 80 ans
émerveillé et réchauffé le cœur de dizaines, de centaines de millions de
gens».
Aznavour devait d’ailleurs chanter à Erevan lors du sommet de la
francophonie, prévu les 11 et 12 octobre, à l’invitation du président
Emmanuel Macron.
(Diverses sources)

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