François Legault chez les Arméniens


François Legault chez les Arméniens –

Par Astghik Aprahamian

 François Legault, le chef et le fondateur de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a choisi de rendre une visite au centre communautaire arménien le 8 avril passé, dans l’intention d’établir des liens avec la communauté. Fondée en 2011, la CAQ compte vingt députés élus et forme le deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, derrière le Parti québécois (PQ).

 Lors d’une entrevue qui fut par la suite télévisée, M. Legault nous fit part des ambitions de la CAQ pour l’avenir du Québec vis-à-vis des enjeux dans les secteurs de l’éducation, de l’économie et de l’immigration.

 La CAQ semble souvent être un parti d’entre-deux, n’étant pas séparatiste comme le PQ ou Québec solidaire, et pourtant loin du Parti libéral du Québec (PLQ), élu aux élections d’avril 2014 pour former un gouvernement majoritaire malgré les allégations de collusion à son égard. Justement, M. Legault se prononça sur l’intégrité du PLQ après les scandales de corruption qui ébranla le parti, causant l’arrestation d’anciens ministres libéraux tels que Marc-Yvan Côté et Nathalie Normandeau, et la démission de Sam Hamad en tant que président du Conseil du trésor du Québec. « [C’est] un système, au PLQ, où des gens influents faisaient lien entre le financement politique et certaines subventions des entreprises, dit M. Legault. [C’est] inacceptable comme façon de fonctionner. Personne n’y gagne. C’est toute la classe politique qui est affectée. » L’intégrité du PLQ semble être remise en question, assure M. Legault.

 Qu’est-ce que la CAQ, dans toute sa nouveauté ? Son but ? « Sortir de la polarisation entre les souverainistes et les fédéralistes, » dit M. Legault. Il s’agirait en effet de voter non sur qui désire l’indépendance du Québec et qui préfère rester une province dans le Canada, mais sur de véritables enjeux qui importent plus sur la société et son bien-être. Le projet de la CAQ pour le Québec pourrait alors être qualifié de nationaliste : « On veut rester à l’intérieur du Canada, mais protéger notre identité, avec un Québec qui a un peu plus de pouvoir en matière de langue. Une fois qu’on s’est entendu là-dessus, il faut se concentrer sur l’éducation et l’économie. »

 En matière d’éducation, la CAQ veut se concentrer sur les écoles et l’éducation aux niveaux précollégiaux. « Il y a beaucoup de travail à faire dans les écoles pour réduire le décrochage, » affirme M. Legault, qui souligne l’importance d’investir dans les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage. Il propose un nouvel horaire pour les écoliers : les cours commenceraient à 9h, et les enfants retourneraient à la maison qu’à 17h. L’heure additionnelle serait octroyée à une activité sportive, qui pourrait surtout venir en aide aux jeunes garçons pour qui ont besoin de tisser des liens affectifs avec leur milieu éducatif; une activité artistique; ou bien une heure d’aide aux devoirs, car il n’est pas rare de voir les parents avoir du mal à aider leurs enfants dans leurs devoirs pour des cours plus avancés en mathématiques et en science une fois qu’ils sont rendus au secondaire. L’objectif de la CAQ serait donc de créer une école plus complète, en s’appuyant sur certains modèles existants dans des pays scandinaves. « Il y a beaucoup de travail à faire en éducation, » avoue M. Legault.

 Quant à l’économie, M. Legault a déploré le fait que le gouvernement libéral n’a réussi à créer que 300 emplois au Québec en mars 2016. En effet, le bilan mensuel sur le marché du travail au Québec ne démontre que des chiffres majoritairement en baisse. « Il faut avoir des programmes pour revoir les façons de faire : on doit changer notre modèle au Québec, » affirme M. Legault. Il propose notamment la réduction des impôts dans le but de redynamiser le consommation.

 M. Legault a également répondu à des questions sur les immigrants syriens et leur intégration à la société québécoise, qui a besoin de ces nouveaux arrivants à cause du taux de natalité à la baisse. Il suggère « une meilleure reconnaissance des diplômes, un meilleur suivi, l’accompagnement individuel pour s’assurer que les employeurs reconnaissent les diplômes et les expériences pour contrer les préjugés. » M. Legault a fini l’entrevue en soulignant les succès de la communauté arménienne à Montréal, où 87% des nouveaux arrivants acceptent d’apprendre le français et où le taux de chômage est bas en comparaison à d’autres communautés ethniques. « Il faut aider ceux qui arrivent, » dit M. Legault, avant d’entamer une visite à la garderie du centre communautaire et une discussion avec des membres du Comité national arménien sur l’enseignement des génocides dans les écoles primaires et secondaires.  


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